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Page:Ville - Au Klondyke, 1898.djvu/25

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le caïman

— Mon cher, l’avantage d’un bâtiment comme le Caïman est de pouvoir poursuivre sa route sans subir de ralentissement dans la marche et d’économiser le combustible tant qu’Éole veut bien être de la partie. Que le vent tombe et une heure suffira pour que nous soyons sous pression ; mais jusque-là, il est inutile de gaspiller le charbon.

— Des économies ?… ricana le comte.

— Mon Dieu ! oui.

— À t’entendre, on ne se douterait pas que nous allons conquérir des millions.

— Au contraire, on s’en douterait parfaitement, car la réussite d’une entreprise dépend du bon ordre avec lequel on la poursuit…

Charles Vernier fut interrompu par son second, qui s’approcha de lui rapidement.

— Capitaine, dit-il, le vent fraîchit ; peut-être ferions-nous bien de diminuer la toile.

Le capitaine leva la tête, consulta le vent, et fronça légèrement les sourcils.

— Vous avez raison, lieutenant, dit-il vivement. Le vent a fraîchi si rapidement que je ne m’en suis pas aperçu… Faites carguer la misaine et le grand hunier.

Une minute plus tard, le maître d’équipage faisait entendre un coup de sifflet, et les matelots de quart s’élançaient dans les agrès.

Charles Vernier suivit attentivement l’exécution des ordres qu’il avait donnés, puis lorsque les matelots furent redescendus sur le pont, il dit à son ami.

— Mon cher, puisque tu te plains de la monotonie du voyage, réjouis-toi, tu vas avoir de l’agrément.