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le caïman

Les deux amis échangèrent une poignée de mains, puis chacun se dirigea vers sa cabine.

Le lendemain, un peu avant le coucher du soleil, le Caïman quittait l’Atlantique et pénétrait dans le détroit découvert par le navigateur anglais John Davis, en 1585.

Le temps était brumeux, le ciel bas et nuageux. Une bise glaciale soufflait avec des sifflements aigus ; aussi, le comte, peu accoutumé à une semblable température, s’enferma-t-il dans sa cabine avec la ferme résolution de n’en sortir que lorsqu’il lui faudrait quitter le bord.

Cependant, le navire filait à toute vitesse, et ne tarda pas à pénétrer dans le détroit de Lancastre, puis dans celui de Barrow. Doublant ensuite le cap de la Providence, situé au sud de l’île Melville, le capitaine entra dans le détroit de Banks ; enfin, passant devant le cap Prince Alfred, il lança le Caïman dans l’Océan Arctique et gouverna à l’Ouest, se dirigeant droit sur la baie de Mackenzie, où il jeta l’ancre après un voyage de plus de trois mois.

Charles Vernier ordonna que l’équipage prit deux jours de repos, dont il profita pour aller à terre afin de se procurer des porteurs pour faire transporter le matériel indispensable jusqu’au Klondyke, dont il connaissait l’emplacement exact.

Il n’eut aucune peine à trouver vingt hommes robustes, habitués au climat. C’étaient, pour la plupart, des Indiens civilisés, pauvres hères qui, pour une somme relativement modique, sont toujours à la disposition de ceux qui veulent bien les employer.

Aux termes de leurs engagements, les matelots du Caïman n’avaient pas de rémunération fixe. Charles