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au klondyke

Vernier s’était engagé à leur abandonner un vingtième de ce que rapporterait l’expédition, moyennant quoi ils lui devaient leurs services à terre comme à bord. Ils étaient trente, tous intelligents et énergiques. En mettant le pied sur le Caïman, ils savaient ce qui les attendait, c’est-à-dire des fatigues et des dangers sans nombre, peut-être même la mort ; mais ils savaient aussi qu’en cas de réussite leur part dans les bénéfices serait fort belle.

Le capitaine décida que vingt hommes de l’équipage seraient tirés au sort, et se joindraient aux porteurs qu’il avait engagés ; dix devaient rester à bord. Le tirage au sort avait pour but d’éviter toute jalousie entre les matelots, car il était bien évident que chacun n’eût pas demandé mieux que de rester sur le Caïman.

Quand les hommes qui devaient l’accompagner furent désignés, le capitaine fit débarquer des chaloupes démontables qui, par un système ingénieux, pourraient, lorsque ce serait nécessaire, être placées sur des affûts roulants, ce qui permettait de voyager par terre et par eau, précaution indispensable dans une contrée comme le Youkon sillonnée en tous sens par des rivières.

Au moment du départ, chaque matelot fut armé d’un fusil à répétition muni d’une courte baïonnette, d’un revolver et d’une hache d’abordage. Cette dernière arme devait surtout servir à frayer un passage dans les forêts vierges que l’on aurait à traverser.

Enfin, huit jours après l’arrivée du Caïman dans la baie de Mackenzie, Charles Vernier et le comte de Navailles se plaçaient en tête de leur troupe et se dirigeaient vers l’intérieur des terres.