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au klondyke

— Trêve de rodomontades, dit enfin le capitaine : que nous voulez-vous ?

— Je veux que vous partiez immédiatement, répondit l’inconnu, d’un ton où perçait la menace.

— Et si je refuse ?…

— Vos os blanchiront ici, voilà tout.

Vernier sentait une sourde colère s’emparer de lui : mais réagissant par un violent effort de volonté, il sourit et dit d’un ton fort calme :

— Monsieur, la terre appartenant au premier occupant, je pourrais vous prouver que j’ai déjà fouillé le sol à l’endroit où nous nous trouvons, mais comme cela nous entraînerait probablement dans une discussion oiseuse, je préfère vous dire ceci : le sol est aurifère sur une grande étendue, il y a là des trésors tels, que nos deux troupes réunies n’en emporteraient pas la millième partie. Retournez donc près de vos compagnons et travaillez de votre côté, comme nous travaillerons du nôtre. Si, même, nous pouvons vous être utiles, soyez certain que nous ne nous déroberons pas devant la solidarité qui oblige les hommes à s’entraider.

— Aurais-je affaire à un prédicateur ? demanda d’un ton narquois l’inconnu, en dévisageant insolemment son interlocuteur.

Le désir d’injurier était si évident que Vernier rougit de colère.

— Puisque c’est ainsi, dit-il d’une voix furieuse, je vais vous parler autrement : si, dans une heure, vous et vos compagnons n’avez pas disparu derrière cette colline que vous voyez là-bas, je me charge de vous faire quitter le terrain.