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deuxième voyage

— Vous oubliez que quelques-uns ont fui.

— C’est vrai, je l’oubliais.

— Eux ne vous ont pas oublié, et en ce moment ils se dirigent de ce côté avec une centaine de chenapans bons à pendre et à dépendre.

— Mais, dit Vernier soupçonneux, quel mobile vous a poussé à faire cette démarche près de moi ?

— La langue que je parle ne vous en dit-elle point assez ?

— Seriez-vous Français ?

— Je suis Canadien, d’origine française

— Oh ! alors, je comprends la sympathie que nous vous inspirons.

— Aussi, n’ai-je pas hésité à venir vous trouver, dès que j’ai appris que vous alliez être attaqués par des bandits.

— Et je vous en remercie, dit Vernier en tendant la main au Canadien. Mais, à quelle sorte de gens allons-nous avoir affaire ?… Vous m’avez dit que c’étaient des bandits, c’est déjà une indication, pourtant, je suis désireux d’avoir de plus amples renseignements.

— Ceux qui vont vous attaquer sont des gens pour la plupart mis au ban de la société. C’est une agglomération d’Anglais, d’Allemands et d’Italiens, que nous nommons communément rôdeurs de frontières. Ces individus ne vivent que de rapine et du produit des chasses de pauvres trappeurs qu’ils dévalisent sans vergogne.

— Je vois que ce sont de tristes personnages.

— Donc, vous partez sans retard ?

— Au contraire, je reste.