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les pirates du désert

prisonnier est un échec à nos intérêts, mais encore nous devons laver la honte qui nous couvre, car, dès que cette affaire sera connue, nous serons la risée de tous les chasseurs du désert, à qui, jusqu’à présent, nous n’avons inspiré que la terreur.

— As-tu une idée ? interrompit Péters.

— Oui.

— Alors, explique-toi.

— Nous pouvons facilement retrouver le fugitif.

— Hum !

— Tu doutes ?

— Extraordinairement !

— Si tu prenais la peine de réfléchir un peu, tu ne raisonnerais pas ainsi.

— Où veux-tu en venir ?

— À ceci : le prisonnier a fui sans vivres ni armes ; il ne peut donc aller loin. Reposons-nous quelques heures et, ensuite, explorons séparément le désert dans un espace de quelques lieues. L’un de nous retrouvera certainement le fugitif, mourant de faim et de fatigue.

— Décidément, fit joyeusement Péters, tu es digne de nous commander. Ce que tu viens de dire est plein de sens, et je partage entièrement ton avis.

Ces paroles du lieutenant laissèrent les bandits absolument froids. La perspective de tomber dans une embuscade de chasseurs ne leur plaisait que médiocrement, car, le cas échéant, chacun était certain d’être accroché au premier arbre venu.

Habituellement, les bandits marchaient en troupe, et la conscience de leur force numérique les encourageait à tenter les plus folles entreprises. Mais s’en aller isolément, c’était autre chose. Leur identité ne pouvait être dissimulée, car les honnêtes chasseurs, dont ils volaient les peaux quand l’occasion s’en présentait, se connaissaient tous.

Cette hésitation de ses bandits fit froncer les sourcils à James.