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LE CHEF DES HURONS

a mis en présence ; mais avant de fuir, ajouta orgueilleusement le chef, j’en ai tué deux.

— Où avez-vous laissé vos guerriers ?

— Ils me suivaient et ne doivent pas être éloignés.

— S’ils vous suivaient, pourquoi ne vous sont-ils pas venus en aide ?

— Le pied d’un chef est agile ; un guerrier ne saurait aller aussi vite que Taréas.

— Bon ! Je comprends ; vous les aviez laissés en arrière.

— Oui.

— Où comptez-vous aller ?

— Je vais rejoindre mes jeunes hommes, qui ont certainement suivi ma piste.

En ce moment, un bruit vague, indéfinissable, frappa les oreilles des deux interlocuteurs, qui restèrent silencieux pendant quelques minutes.

Enfin, Tardas releva la tête.

— Nous n’avons rien à craindre, dit-il, ce sont mes guerriers.

Une dizaine de minutes s’étaient à peine écoulées, qu’une vingtaine de Hurons arrivaient au pas de course.

En apercevant leur chef en compagnie d’un blanc, ils froncèrent les sourcils d’une manière menaçante ; mais Taréas, prenant une main du Canadien, leur dit gravement :

— Guerriers hurons, le Visage-Pâle que vous voyez a sauvé votre chef au péril de sa vie ; aimez-le et respectez-le comme moi-même.

Les Hurons s’inclinèrent respectueusement.

— Son nom, reprit Taréas, mes fils le connaissent. Il se nomme Sans-Peur.

En entendant ce nom célèbre, un frisson courut parmi les Indiens, qui contemplèrent le chasseur avec une vive admiration.

— Sans-Peur est un grand guerrier, dit alors un Huron, et puisqu’il a sauvé la vie à notre chef bien-aimé il peut compter