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HURONS ET IROQUOIS

sur nous : soit de jour, soit de nuit, nous seront prêts à accourir à son appel.

— Merci, Huron ! dit le Canadien ; je prends acte de votre promesse.

— Mon frère veut-il me dire où il allait quand je l’ai rencontré ? demanda Taréas en posant une main sur l’épaule de Sans-Peur.

— Pourquoi cette question, chef ?

— Mon frère peut garder son secret ; ma question n’avait pas d’autre but que de lui proposer de l’escorter avec mes guerriers.

— Ma foi ! vous êtes assez l’ami des Français pour que je ne vous cache pas le but de mon voyage : je me rends à Québec, près du général en chef, afin de lui rendre compte d’une mission dont il m’a chargé.

— Bon ! j’accompagnerai le chasseur blanc, car j’ai relevé des pistes d’Iroquois et je ne veux pas qu’il tombe dans une embuscade.

— Partons donc, car je devrais être déjà arrivé.

Sans-Peur jeta son fusil en bandoulière et s’enfonça sous le couvert de la forêt, suivi par Taréas et ses guerriers.

Sur ces entrefaites, le soleil s’était couché, et la nuit venait rapidement ; mais le chasseur et ses amis avançaient avec autant d’assurance que s’ils eussent marché en plein jour.

Ils étaient en route depuis près de deux heures, quand Sans-Peur s’arrêta brusquement, penchant le corps en avant ; mouvement imité aussitôt par le chef huron dont les guerriers avaient fait halte sur un signe de lui.

L’endroit où ils se trouvaient était complètement dépourvu de broussailles. Seuls, d’énormes blocs de roc s’élevaient de loin en loin ; les arbres, d’une hauteur prodigieuse, formaient un immense dôme de verdure que, pendant le jour, le soleil ne parvenait que difficilement à percer ; aussi, à cette heure avancée, l’obscurité était-elle profonde ; mais les Indiens ont