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le chef des hurons

— Que pourrait-il me dire ? Si les autres ont trouvé le fugitif, il n’y aura rien d’extraordinaire à ce que je revienne sans lui. Si au contraire, ils n’ont rien découvert, nous serons tous dans le même cas.

— Soit. Je te laisse.

— Bonne chance ! fit l’homme en s’étendant sur le dos avec un soupir de béatitude.

Celui qui se tenait debout jeta son fusil sur son épaule et s’éloigna tranquillement.

Le bruit de ses pas diminua peu à peu et finit par s’éteindre complètement.

Son compagnon était resté à la même place, bien certain de n’être pas dérangé.

Soudain, il vit un homme bondir d’un taillis, sauter à genoux sur lui, et il sentit deux mains nerveuses lui serrer la gorge.

Le bandit était Espagnol, par conséquent enclin aux idées superstitieuses ; aussi ne fut-il pas éloigné de croire à l’apparition d’un démon, tant cette attaque avait été brusque.

Mais une voix railleuse le rappela au sentiment de la réalité.

— Eh bien, cher ami, dit Sans-Peur en ricanant, on fait donc sa petite sieste ?

Cette voix fit tressaillir le bandit. Cependant, il n’en laissa rien paraître, et ce fut avec un calme apparent qu’il répondit ;

— Que faire de mieux par cette chaleur ?

— C’est vrai ; et comment vous portez-vous ?

— Si vous tenez à le savoir, desserrez un peu les mains, car vous m’étranglez littéralement.

Sans-Peur obtempéra au désir du bandit.

— Vous avez la poigne un peu dure, fit ce dernier.

— Vous trouvez ?

— Vous serait-il égal de retirer votre genou qui m’écrase la poitrine.

— Bah ! vous êtes trop douillet.

— Et si vous m’enfoncez une côte ?…