Page:Ville - Le chef des Hurons, 1900.djvu/125

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— Si ce n’est que cela qui vous inquiète, rassurez-vous, je me charge de vous guérir.

— Vous avez donc un remède pour les côtes enfoncées ?

— Mon remède guérit toutes les maladies. Du reste, vous serez à même d’en juger, car je compte vous l’administrer dans un instant.

— Pourrais-je savoir quel est cette panacée universelle ?

— Mon Dieu ! c’est tout simplement un bon coup de couteau dans la gorge.

Le bandit frissonna. Pourtant, ce fut en essayant de sourire qu’il reprit :

— Et vous croyez à l’efficacité de ce remède ?

— Il est infaillible.

— C’est étrange ; mais je ne partage pas votre avis.

— Vous avez tort, car c’est extrêmement sérieux.

— Tenez-vous à m’administrer immédiatement ce remède ?

— Pourquoi cette question ?

— Parce qu’il en est peut-être un moins violent.

— Le connaissez-vous ?

— Oui.

— Ah ! ah ! et quel est-il ?

— Une petite conversation à voix basse ; car, au désert, les arbres ont des yeux et les feuilles des oreilles.

Le chasseur sembla réfléchir pendant quelques secondes, puis il dit tranquillement :

— Au fait, peut-être avez-vous raison. Seulement, vous me permettrez de prendre quelques précautions.

Et il enleva prestement le couteau et les pistolets passés dans la ceinture du bandit, dont il prit également le fusil placé à terre. Puis s’asseyant à deux ou trois pas, il lui dit :

— Redressez-vous, cher ami, mais restez assis, afin que nous soyons à notre aise pour causer.

Le bandit se redressa sur son séant, sans répondre.