Page:Ville - Le chef des Hurons, 1900.djvu/150

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
150
LE CHEF DES HURONS

amicales, du moins courtoises, en vertu de l’axiome : Les loups ne se mangent pas entre eux.

James fit immédiatement lever le camp et se dirigea, avec sa troupe, du côté du campement de la Panthère.

En voyant arriver cette troupe nombreuse, le Sioux fronça les sourcils, mais son visage reprit aussitôt son impassibilité froide et cruelle, car James s’avançait souriant et la main tendue.

— Vous êtes donc en expédition ? lui demanda la Panthère en lui serrant la main.

— Mon Dieu ! oui. Mais vous-même ?

— Oh ! moi, je suis toujours en chasse.

— C’est vrai ; vous êtes un rude compagnon.

— Est-ce pour me faire des compliments que vous êtes venu ?

— Ma foi ! non. J’ai aperçu votre feu et, ayant appris votre présence par deux éclaireurs que j’avais envoyés pour savoir qui vous étiez, j’ai décidé de passer la nuit près de vous. Y verriez-vous un inconvénient ?

— Pas du tout. Soyez, au contraire, le bienvenu.

James ordonna à ses hommes d’allumer des feux pour préparer le souper, et les deux troupes n’en firent plus qu’une.

James et le Sioux s’étaient accroupis sur l’herbe, un peu à l’écart, et fumaient leur calumet.

— Quelle expédition faites-vous en ce moment ? demanda tout à coup la Panthère.

— Je ne sais trop si je dois vous le dire, répondit James d’un ton bourru.

— Si c’est un secret, gardez-le, fit sèchement le Sioux.

— Ce n’est nullement un secret. C’est au contraire l’aventure la plus bête qu’on puisse imaginer.

— Vraiment ! Vous piquez ma curiosité.

— Figurez-vous que j’avais fait un prisonnier qui pouvait payer une rançon considérable. Eh bien ! au dernier moment, il m’a faussé compagnie.

— C’est donc un homme énergique ?