Le jeune homme ne répondit pas. Des larmes coulaient silencieusement sur ses joues pâles.
— Que s’est-il passé ! lui demande Sans-Peur, en proie à un terrible pressentiment.
Le jeune homme fit un effort et parvint enfin à répondre.
— Ah ! Sans-Peur, dit-il, les Iroquois ont attaqué notre villa et égorgé ma mère et ma sœur.
— Que dites-vous là ? s’écria le chasseur atterré.
— La vérité, hélas !
— À quel moment cette attaque a-t-elle eu lieu ?
— Vers sept heures.
— Mais vos serviteurs ?…
— Ils se sont fait tuer courageusement en nous défendant.
— Il nous faut à peine une heure pour atteindre la villa, nous allons partir immédiatement… Peut-être ne sont-ils pas tous morts.
En ce moment, Taréas s’approcha ; son visage était sombre et ses yeux lançaient des éclairs.
— Qu’avez-vous donc, chef ? lui demanda Sans-Peur, frappé de cet air sinistre.
— Mes guerriers ont pris les chevelures des Iroquois, dit-il.
— Est-ce là ce qui vous préoccupe ainsi ?
— Non.
— Alors, expliquez-vous, car je ne comprends rien à votre mine lugubre.
— Niocébah a disparu, dit le chef d’une voix sourde.
— Je croyais pourtant bien l’avoir tué.
— Il n’était que blessé et il a profité du combat pour s’enfuir ; mais il n’ira pas loin, car je vais me mettre sur sa piste.
— Bah ! laissez-le aller ; nous le retrouverons.
— Un ennemi mort n’est plus à craindre, dit sentencieusement le chef.
— Je regrette qu’il vous tienne tant au cœur, car je voulais vous demander un service.