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HURONS ET IROQUOIS

— Un service… Que mon frère parle, les oreilles d’un ami sont ouvertes.

— Je voulais vous demander de venir avec moi pour accompagner ce jeune homme.

— Mon frère le connaît donc ?

— C’est le fils du colonel de Vorcel.

— Taréas connaît le chef pâle dont parle mon frère, Il sera heureux de faire quelque chose pour son fils bien-aimé.

— Partons donc sans plus tarder ; dans une heure nous serons arrivés.

Le chef rassembla ses guerriers et suivit Sans-Peur, qui s’éloignait donnant le bras au fils du colonel.

Il était près de minuit quand ils arrivèrent à la villa, sur laquelle planait un silence funèbre.

Les portes et les fenêtres étaient brisées ; dans les corridors, les cadavres de huit domestiques étaient étendus, pâles, sanglants et rigides.

— Ah ! les démons ! rugit Sans-Peur.

Mais en entrant dans une salle du rez-de-chaussée, il ne put retenir un cri de stupéfaction.

Un domestique était étendu sur le sol, garrotté et bâillonné. Que signifiait cette mansuétude des Iroquois ?

Il s’empressa de délivrer le pauvre diable, qui roulait des yeux agrandis par l’épouvante ; mais, malgré ses questions réitérées, il ne put tirer de lui que des mots sans suite.

— Laissons-le se remettre de sa frayeur, dit le chasseur ; tout à l’heure il n’y paraîtra plus.

Et suivi du jeune homme, il monta au premier étage ; là, un spectacle horrible s’offrit à sa vue : Mme  de Vorcel était étendue devant la porte de sa chambre, le crâne fracassé par une balle.

Le jeune Louis s’agenouilla près de sa mère en poussant des cris déchirants.

Le chasseur prit la morte dans ses bras et la porta sur son lit,