Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
99
ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

crés, le sujet de nos louanges à toujours, Orphée[1]. »

Dès lors, le nom d’Orphée avait pris place dans la mythologie des Grecs. Aussi, quels détails lui consacre le voyageur Pausanias, dans ses antiquités de la Grèce et sa revue des monuments de la Béotie ! « Dans le bois sacré près de l’Hélicon, dit-il, après les statues des Muses, après celles d’Apollon et de Mercure, de Thamyris aveugle, la main sur une lyre brisée, on voyait une statue d’Orphée, ayant près de lui debout Télète, comme symbole de l’initiation aux mystères, et entouré d’animaux en marbre et en bronze, attentifs à ses chants[2]. »

D’après ces monuments, Pausanias, sans croire qu’Orphée ait été le fils de la Muse Calliope, ni qu’il soit descendu vivant aux enfers pour redemander sa femme, suppose du moins qu’il avait surpassé dans l’art des vers tous ses devanciers, et qu’il avait acquis un grand pouvoir par la science des mystères divins et des expiations, des maladies et des remèdes qui détournent la colère des dieux.

Le docte voyageur recueille d’autres souvenirs, qui marquent combien avait été répandue cette tradition d’Orphée, religieuse plus encore que poétique. On racontait qu’il avait été jadis foudroyé par les dieux, pour avoir révélé aux hommes, dans les mystères, des

  1. Pind. ed. Boiss., Pyth., iv, p. 130.
  2. Pausan. Bœot., c. XXX.

7.