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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

il, par une singulière fantaisie, imiter, en l’honneur du duc de Vendôme, cette ode si élégante, si pure à la divinité favorite des Hellènes, aux Grâces, que Pindare invoquait, au nom d’un jeune vainqueur à la course, enfant de la belliqueuse ville d’Orchomène, où elles avaient un temple, Lamotte n’approche pas plus cette fois du tour noble et léger et de la dignité sereine du poëte, qu’il n’en avait ailleurs atteint la sublime grandeur. Son froid ciseau gâtait l’Apollon, comme le Jupiter Olympien. Une traduction toute littérale pourrait mieux sauver quelque chose du modèle. Ce serait du moins le plâtre de la statue.

À Asopique d’Orchomène.[1]

« Héritières des eaux du Céphise, qui habitez la terre des beaux coursiers, ô Grâces, reines toujours célébrées de la brillante Orchomène, protectrices des antiques Minyens, écoutez, lorsque je prie. Avec vous, toute chose aimable et douce vient aux mortels, soit la sagesse, soit la beauté, soit la gloire : et les dieux mêmes ne président pas, sans les Grâces majestueuses, aux danses et aux banquets ; mais, intendantes de tout ce qui se fait aux Cieux, sur leurs trônes qu’elles ont placés près d’Apollon à l’arc d’or, elles adorent l’éternelle gloire du père de l’Olympe. Noble Aglaé, Euphrosine qui te plais aux mélodies, soyez aujourd’hui pro-

  1. Pind. ed. Boiss., Olymp. xiv, p. 88.