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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

de fleurs et l’allégresse des festins se succèdent, à toutes les heures, et, au printemps, la joie de Bacchus, les inspirations bruyantes des chœurs et l’harmonie grave des flûtes ! »

N’y a-t-il pas là comme l’image chantante de ce peuple d’Athènes, entre sa place publique et son théâtre, les fêtes de ses temples et les discours de ses orateurs ?

Après les dieux, et plus que les dieux, ce peuple, dont se moque souvent Aristophane, est le véritable héros de ses chants. C’est pour lui que le poëte a ses plus heureuses saillies de verve lyrique, parfois à l’improviste, sans même l’élan des strophes et dans la simplicité rapide du mètre ïambique. En est-il plus merveilleux exemple que ce Chœur des Guêpes s’adressaut aux spectateurs, et, après mille coups d’aiguillon, leur bourdonnant cet hymne de gloire ?

« Si quelqu’un de vous[1], ô spectateurs, regardant comme je suis faite, s’étonne de me voir amincie par le milieu, ou se demande que veut cet aiguillon, je l’en instruirai, fût-il tout à fait ignare. Nous qui portons par derrière cette trompe aiguë, nous sommes les seuls Attiques, les vrais nobles et les indigènes du pays, race belliqueuse et qui servit puissamment Athènes dans la guerre, quand vint le

  1. Aritsoph. Vesp. p. 146.