Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
239
ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

barbare, étouffant de fumée la ville et brûlant les campagnes, dans sa rage de nous enlever de force les rayons de la ruche.

Aussitôt nous courûmes, avec la lance, avec le bouclier, pour le combattre, le cœur gonflé de fureur, hommes contre hommes, les rangs serrés, et nous mordant la lèvre de colère, alors que, sous l’amas pressé des dards, on ne pouvait voir le ciel. Et cependant, grâce aux dieux, nous eûmes tout chassé vers le soir. La chouette, avant le combat, avait volé sur notre armée ; puis nous les poursuivîmes, les perçant comme des Thons jetés dans les filets. Ils fuyaient piqués de nos dards aux joues, au front, de sorte que, chez les barbares, partout, et encore aujourd’hui, rien ne passe pour plus guerrier qu’une guêpe de l’Attique. »

La verve du poëte l’emporte sur sa fiction même. C’est Tyrtée qu’il imite, et dont il prend l’ordre de bataille, comme la fureur guerrière. Il oublie un moment l’aiguillon de la guêpe, pour montrer partout les barbares blessés, vaincus, fuyant sur terre et sur mer, devant les lances et les trirèmes. Eschyle lui-même, le poëte et le soldat de Marathon, ne dépasse pas cette verve aiguë comme le dard lancé par l’abeille.

Ce génie est aussi parfois simple, populaire comme la voix de la foule. Tel est, dans la comédie intitulée la Paix, le chant d’un Chœur de laboureurs, à la vue