levés, cours des fleuves, chutes des fontaines ! que le silence occupe les régions du monde, pendant que je célèbre le sacrifice des pieux concerts ! etc. Ô Père, ô bienheureux ! écarte de moi les soucis dévorants ; écarte-les de mon âme, de ma prière paisible, de ma vie, de mes œuvres ! Et puisse l’offrande de mon cœur occuper le soin de tes glorieux serviteurs, des sages messagers qui te portent les hymnes pieux ! »
Ici vient un torrent d’expressions abstraites, où se laisse emporter le poëte pour atteindre jusqu’au Dieu qu’il adore, père et fils de lui-même, unité antérieure à l’unité même, origine et centre de tous les êtres. Partout la pensée semble subtile, les distinctions presque insaisissables ; et pourtant le sentiment est vrai, l’émotion, intime et profonde : le philosophe naguère attaché à la terre, y souhaitant, y croyant trouver encore la gloire et la paix, n’aspire plus qu’aux béatitudes éternelles. Je ne sais si c’est tout à fait le chrétien ; mais c’est déjà l’homme enlevé, comme Polyeucte, vers un autre monde.
« Il m’ennuie, » dit le poëte, naguère amoureux des nobles plaisirs, « il m’ennuie de cette vie terrestre. Arrière, fléau des mortels privés de Dieu, magnificence des villes ! Arrière, malédictions charmantes, grâces funestes, par lesquelles la terre attire l’âme séduite et la tient esclave, alors que, grandement malheureuse, elle a bu l’oubli de ses biens naturels pour se jeter sur le mauvais partage ! Car l’insidieuse