matière en renferme deux : l’homme qui, étendant la main sur la table, a touché la potion douce, regrettera le breuvage amer, sous les poids contraires dont il est lui-même entraîné.
Telle est, en effet, la nécessité terrestre imposée comme loi. De deux vases différents, la destinée verse la vie aux humains. Le breuvage pur, le bien sans mélange, c’est Dieu et les choses de Dieu. Enivré à la coupe de la douce liqueur, j’ai effleuré les bords du mal ; j’ai heurté contre le piége ; j’ai senti la malédiction de Prométhée ; mais le dégoût m’a pris dans ces conditions changeantes.
Accourant vers les prairies tranquilles du Père, je hâte mes pas fugitifs loin du domaine douteux de la matière. Regarde-moi, ô dispensateur de la vie spirituelle ! regarde cette âme suppliante qui est à toi, et qui, du milieu de la terre, tente l’ascension des hauteurs idéales.
Je suis une goutte céleste répandue sur la terre. Rends-moi à la source d’où je suis tombée fugitive et errante ici-bas. Permets-moi de me confondre dans la lumière créatrice ; permets que, sous ta garde paternelle, avec le chœur céleste, je t’offre des hymnes saintement spirituels ! Permets, ô Père, que, réunie à la lumière, je ne retombe plus dans les souillures de la terre ! mais, tandis que je demeure dans les liens de la vie corporelle, puissé-je, ô Père, goûter un sort paisible ! »27.