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CHAPITRE XXIII.


Déclin de la poésie française dans le dix-huitième siècle. — Contre-coup de la Révolution sur les imaginations françaises et étrangères. — Lebrun. — André Chénier. — Coleridge. — Génie anglais dans l’Inde. — L’évêque de Calcutta.


Nous venons d’essayer, dans cette étude, ce que souvent se plaît à faire l’impartiale curiosité de l’esprit français. Nous avons quitté par la pensée notre glorieuse patrie, pour chercher et admirer ailleurs, comme assurés de découvrir quelque veine féconde et nouvelle. Mais, ne l’oublions pas, rien du dehors n’a dépassé les splendeurs intellectuelles de la France au dix-septième siècle. De Corneille à la Fontaine, quels tons de poésie sublime et naïve n’avait-elle pas créés ou reproduits ! Que lui avait-il manqué, même d’enthousiasme lyrique, du moins par instants et par éclairs ? Et le plus grand de ses orateurs, n’était-il pas un autre poëte incomparable, un Milton orthodoxe et paisible ?

Seulement, plus cette prééminence du génie français avait été grande et variée, plus le déclin parut d’abord irrésistible. Il semblait dans les mœurs comme