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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/84

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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

les anciens de la terre ; il fait lever de leurs trônes tous les princes des nations.

Tous répondent, et ils te disent : Toi aussi, tu es blessé comme nous ; tu es devenu semblable à nous.

Ton orgueil a été abaissé jusqu’aux enfers ; ton cadavre y est descendu : la pourriture sera ta couche et les vers ton vêtement,

Comment es-tu tombée des cieux, étoile qui te levais au matin ! Comment es-tu abattu la face contre terre, toi qui brisais les peuples,

Et qui disais dans ton cœur : Je gravirai les cieux ; au-dessus des astres de Dieu j’élèverai mon trône ; je m’assoierai sur la montagne de l’alliance, aux flancs du Septentrion ; je monterai sur la hauteur des nuages ; je serai semblable au Très-Haut !

C’est dans les bas-lieux que tu descendras, dans les profondeurs de l’abîme. Ceux qui t’avaient vu se pencheront vers toi, te regarderont de haut : « Est-ce là cet homme qui troublait la terre et secouait les empires, qui rendait le globe désert, qui détruisit les villes et n’ouvrit pas à ses captifs la porte de leur prison ? »

Tous les rois des nations ont dormi avec honneur, chacun dans sa tombe.

Mais toi, tu as été rejeté de ton sépulcre comme une branche inutile, et roulé avec ceux que le glaive a tués et qui descendent au fond de l’abîme, cadavres infects.