Page:Villemin - Jacques Du Lorens, 1869.djvu/9

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neuves, où s’illuminent et se colorent les mobiles foyers de la magique lanterne !

Ici, comme j’aurais tort de ne m’appuyer que sur moi-même, éclairons-nous du jugement que d’autres ont porté. La discussion est ouverte, et la parole est à son biographe :

« Nous nous étonnons, — dit Prosper Blanchemain, — que personne n’ait encore imprimé ses œuvres ; car il abonde en traits naïfs, car il est doué d’une verdeur toute gauloise ; … ses hémistiches empoignent comme des tenailles : ils emportent le morceau… »

Quelle a été l’opinion de Viollet-le-Duc, qui, nous le savons tous, ne prodigue point les éloges : « C’était un poëte original, brusque, bizarre parfois dans sa verve grossière, mais pittoresque et rempli d’images, — basses souvent, — mais inattendues et dignes de devenir proverbes. Peut-être cette apparence brutale répandue dans ses satires provient-elle de son éloignement de Paris et de vivre avec des inférieurs. »

Le même homme qui nous signale Du Lorens comme plagiaire, M. de Gaillon, ne s’est point borné là. Dans un accès d’humour qui nous étonne, il ne s’est pas fait scrupule de lui marquer au front les huit lettres de sa déchéance : « Médiocre ! »

Mais, presque aussitôt ému de repentance, il est curieux de voir comme de lui-même il relève ce qu’il avait abattu. Esprit fin, dont le style est à l’avenant, il se met à l’œuvre ; il fait acte de miséricorde ; il groupe avec infiniment d’art quantité de citations très-bien choisies. Il en advient que le déchu remonte, qu’il reprend son siége au pinacle, et que de là-haut et de