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ET LA PATIENCE.

cipiter son pere du Trône, ne fût assez dénaturé pour arracher la vie à son frere, sur le premier soupçon qu’il prendroit contre lui, lorsqu’il seroit devenu son Maître.

Ce jeune Prince, au désespoir du crime de son ainé, le suivit en diligence, & fit tous ses efforts pour le ramener à son devoir, mais il ne put y réussir. Le Rebelle, qui n’avoit jamais eu plus d’affection pour lui que pour moi, ne l’écouta pas : il lui étoit trop suspect ; & cette démarche ne servant qu’à l’irriter, il le chassa avec violence.

Toutes les voies de la douceur m’étant fermées, je fus enfin contraint d’avoir recours à la force. Je donnai le commandement de mon Armée à mon jeune fils. Vous ne sauriez croire, continua le Monarque, quelle fut ma douleur d’être obligé de craindre à tout moment que mes deux enfants ne périssent par la main l’un de l’autre. Le cadet, de qui l’Armée étoit mieux disciplinée que celle du Rebelle, le pressant avec autant d’ardeur & de fidélité pour son Roi, que si cet ennemi ne lui eût pas été aussi cher que la vie, gagna plusieurs batailles, & prit les Villes qui s’étoient déclarées en faveur de ce fils ingrat. De si heureux