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LE TEMPS

tête de la Princesse, ne trouva plus aucunes difficultés auprès de lui ; ce qui fit que, sans tarder, ils furent unis d’une chaîne éternelle.

Cette journée se passa en fêtes & en solemnités ; mais la nuit ayant chassé le jour, me donna le temps de respirer en liberté : je passai dans mon cabinet, où, ne me chargeant précisément que de ce que je jugeois qui devoit m’être utile, je sortis du Palais, suivi d’un seul Esclave, dont je connoissois la fidélité. J’avois eu la précaution d’ordonner que l’on me préparât un vaisseau ; je m’y embarquai ; & je perdis de vue mes Etats, avant que le jour pût apprendre ma fuite.

Mais ne voulant pas laisser soupçonner à ces nouveaux Souverains qu’elle fut un effet de mon désespoir, j’avois pris le soin d’écrire à mon fils, & de laisser en lieu sûr & visible la Lettre par laquelle je l’informois des raisons qui me portoient à cette démarche. Je lui représentois que ce n’étoit que pour remplir le goût qu’il me connoissoit pour la solitude, y ajoutant une promesse formelle de ne pas priver l’amitié que j’étois persuadé que son épouse & lui me conservoient, du plaisir de me la témoigner. Je leur promettois de revenir chez eux tous les ans,