Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 1.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
159
ET LA PATIENCE.

La joie de revoir ses compagnons fut réciproque, & augmenta par le plaisir que lui firent les nouveaux venus. Ses caresses & les offres de service qu’il fit à ces aimables fugitifs, leur confirmerent tout ce que les Princes leur avoient déja dit à son avantage.

Le temps qu’il y avoit que les Princes d’Angole étoient en cette solitude, les ayant en quelque façon désaccoutumés du monde, leur apprenoit à s’en passer ; mais il n’avoit pas eu le pouvoir de rendre leur cœur inaccessible à l’amour, & celui de Kuba, le plus jeune des deux freres, céda aux charmes de Balkir. Il n’avoit jamais été frappé des atteintes de cette douce passion : ne comprenant pas d’où provenoit la différence qu’il sentoit dans les diverses affections qu’il avoit pour elle & pour Merille, il lui sembloit même que cette derniere devoit avoir la préférence par les liens du sang, & encore plus par la preuve d’attachement qu’elle avoit donnée à lui & à Almenza, en fuyant les honneurs & les douceurs qu’elle devoit prétendre à Angole, pour les venir trouver dans ces déserts.

Ces réflexions lui paroissoient justes, mais ne le convainquoient pas. Il sentoit qu’encore qu’il dût plus aimer sa sœur, il