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ET LA PATIENCE.

lui-même, qu’il lui étoit entiérement favorable, puisque si la Reine mettoit un garçon au monde, il ne régneroit point, que par conséquent, il ne seroit pas à craindre, & ne pourroit lui être d’aucun obstacle ; &, au contraire, jugeant que si c’étoit une Princesse, elle lui seroit fort utile pour déterminer sa mere à perdre les Princes, la répugnance qu’elle lui avoit témoignée lorsqu’il avoit fondé les sentiments sur ce sujet, étant forcée de céder à la nécessité de tirer la fille du péril que leur présence lui feroit courir.

Il lui dit, d’un ton ferme, qu’après avoir mûrement tout considéré, il ne voyoit pas d’autres moyens pour éviter le danger dont elle étoit menacée, que de se défaire des fils du Roi ; qu’elle devoit ce sacrifice à la justice & à la nature, qui l’exigeoient absolument pour la sûreté & pour le bonheur de l’enfant qui devoit naître d’elle.

La Reine frémit à cette prétendue nécessité. La mort des Princes, loin de lui paroître aussi juste & aussi utile que Mouba la lui supposoit, lui sembloit entiérement opposée à ses intérêts, puisque son fils, si c’en étoit un, dont elle étoit grosse, ne pouvoit, à ce qu’avoit dit l’Oracle, être heureux qu’autant qu’il seroit sujet de ses