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LE TEMPS

freres ; ou que sa fille devant naître pour être une grande Reine, indépendamment de leur vie, il lui étoit impossible de se déguiser l’horreur qu’il y auroit à commettre un crime si affreux, sans y être forcée par aucune nécessité.

Cette foiblesse, ainsi que Mouba la nommoit, choquoit absolument ses desseins secrets ; mais voyant qu’elle y étoit déterminée, il n’osa s’y opposer avec vivacité, pour ne pas faire appercevoir à la Reine les véritables raisons qui l’animoient ; & n’en pouvant trouver de propres à détruire celles qu’elle opposoit à ses desirs, voulant la convaincre au contraire qu’il ne pensoit qu’à la servir, pour rendre sa fortune sûre & brillante, il loua son humanité, lui conciliant de faire du moins savoir au Roi la démarche qu’elle avoit faite, en la lui falsifiant, & en disant que le Faquir avoit déclaré que les Princes étoient en danger de perdre la vie, si la Princesse que la Reine mettroit au monde, les voyoit avant qu’elle eût atteint sa quinzieme année, & que le sexe de cet enfant, aussi-bien que la foiblesse de son âge, ne lui permettant point d’errer pour s’éloigner de ses freres, il étoit indispensable que ce fût eux qui abandonnassent le Royaume ; mais, au contraire, supposé