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LE TEMPS

& où enfin il se voyoit prêt à monter, n’ayant plus que la concurrence d’une Princesse si prévenue en sa faveur, qu’il étoit persuadé qu’elle ne devoit servir qu’à hâter ses desseins.

Les funérailles du Monarque furent magnifiques & convenables à sa dignité ; c’étoit le moins que dussent faire pour lui ceux à qui il abandonnoit une si glorieuse place ; ils ne manquerent point à ce devoir extérieur, & signalerent leur reconnoissance, par ce que les obseques de ses pareils peuvent avoir de plus somptueux.

Merille fut touchée de la perte qu’elle faisoit, au-delà de ce qui se devoit attendre d’une personne de son âge ; elle s’étoit agréablement accoutumée aux caresses de son pere, & leur privation lui fut si sensible, que la douleur qu’elle en eut, attira l’attention de toute la Cour.

Une si excessive affliction dans un enfant si jeune, sembla être un triste présage du changement fatal qu’elle éprouva peu après, & que la grande jeunesse ne fut pas capable de lui déguiser ; car la Reine, qui ne savoit point l’art de se contraindre, & qui témoigna trop librement qu’elle étoit résolue à garder la viduité, fit changer, par cette déclaration, les projets de Mouba : en perdant l’espérance de