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ET LA PATIENCE.

devenir son Epoux par son choix ; il se borna au soin de la mettre dans la nécessité de le souhaiter par intérêt. Du vivant du Roi, elle n’avoit connu que le charme de la Royauté, dont elle jouissoit sous son nom : Mouba qui, jusqu’à la mort de son Maître, l’avoit préservée de sentir l’énormité du poids d’une Couronne, fit tout ce qu’il falloit alors pour qu’elle s’en trouvât entiérement accablée, & elle fut peu de temps sans commencer à reconnoître un changement fâcheux dans les manieres de ce Ministre, qui, cessant de se contraindre, ne lui montra plus, comme il faisoit ci-devant, un Sujet soumis & dévoué à ses moindres desirs ; au contraire, il lui laissoit appercevoir volontairement qu’il avoit d’autres desseins que ceux de la soulager : &, loin de continuer à lui témoigner cette complaisance aveugle qui ne trouvoit rien d’impossible lorsqu’il étoit question d’exécuter sa volonté, elle s’apperçut, avec étonnement, qu’il la contrarioit en toutes occasions, sans autre nécessité que de lui faire sentir qu’elle n’avoit plus que le nom de Reine, accompagné d’une vaine ombre d’autorité, qui ne lui laissoit point l’espoir qu’elle dût prétendre désormais à être obéie quand il ne lui plairoit pas d’y consentir ; mais une si fa-