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LE TEMPS

une alliance illustre, qui sans doute la placeroit sur le Trône de quelques-uns de leurs Alliés ; mais c’en est fait, cette faute est sans remede, ainsi que nos malheurs.

Pendant le discours de la vieille, la Princesse, qui étoit pénétrée de ce qu’elle entendoit, avoit donné un libre cours à ses larmes, que l’Esclave attribua d’abord à la bonté de son naturel ; mais après avoir cessé de parler, voyant que la douleur de cette jeune fille redoubloit à chaque instant au-lieu de s’arrêter, elle en fut épouvantée, ne pouvant le persuader qu’un enfant fût aussi sensible à la désolation de sa Patrie, si elle n’en avoit pas quelques raisons particulières ; & ne tardant point à en soupçonner la véritable cause, sans pouvoir cependant y trouver du vraisemblable, elle entreprit de la consoler par l’espoir d’un plus heureux avenir. Mais une espérance si incertaine n’étoit pas suffisante pour arrêter les sanglots de cette Princesse ; ce qui confirma les soupçons de la vieille, ne doutant plus qu’elle n’eût un intérêt pressant à prendre plus de part à la désolation de sa Patrie, que le relie des Sujets. Enfin, le secret de sa naissance, que la simplicité de son habillement cachoit, lui fut découvert par cette affliction.

Ne seriez-vous pas, lui demanda-t-elle