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ET LA PATIENCE.

seigner quelque endroit où elle put trouver du soulagement dans le besoin pressant qu’elle avoit de nourriture & de repos. Cette personne lui répondit d’un air doux, qu’elle en rencontreroit, mais que ce ne seroit pas ce soir même, parce qu’il étoit trop tard pour qu’elle dût espérer de gagner aucunes maisons, ayant encore plus de deux lieues à faire avant d’en trouver, & que la nuit étoit si prochaine, qu’il lui seroit impossible de marcher cent pas sans que le jour l’abandonnât entièrement ; qu’enfin elle n’avoit d’autre parti à prendre que celui de rester auprès d’elle. La Princesse fut contrainte de suivre cet avis, encore qu’elle ne pût ignorer quelle alloit passer la nuit très-mal à son aise ; mais elle s’en inquiétoit moins que de la pensée de se trouvée seule au milieu des champs, dans un Pays inconnu, avec une femme dont elle ne savoit ni le nom ni la qualité, qui pouvoit être une malheureuse, auprès de qui elle seroit peut-être plus exposée que si elle étoit seule en ces déserts. Cette appréhension redoublant les peines, l’empêchoit de trouver une situation commode, & faisoit qu’en changeant de place à tout moment, elle se plaignoit & pleuroit amérement, sans toutefois que sa