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ET LA PATIENCE.

jardins, de vallons, de côteaux, de marbres, de ruines, de tombeaux, de Trônes, & généralement de tout ce qui compose l’Univers.

Ces diverses choses étoient entassées avec des étoffes de toutes couleurs, & de toutes especes de pierres précieuses, des houlettes, des couronnes, des armes, des charrues, des sceptres, des Livres, des parures de toutes façons, parmi lesquels on voyoit toutes sortes d’animaux, des hommes & des femmes de tout âge, de tout Pays, ainsi que de toutes professions.

Ce redoutable Souverain étoit équipé d’une façon aussi extraordinaire que la composition de son Trône ; presque nud, n’ayant pour tous vêtements qu’une écharpe légère, dont la diversité des émaux ne permettoit pas qu’on pût lui en attribuer aucuns. Elle voltigeoit au gré du vent, & changeoit sans cesse de mouvement. Un sable qui couloit rapidement d’un clepsidre, qu’il portoit sur la tête, étoit toute sa coêffure. Il avoit deux grandes ailes des mêmes couleurs que son écharpe, qui, s’agitant continuellement, éblouissoient les yeux de ceux qui les considéroient. Une faulx terrible armoit ses mains, dont, par un geste perpétuel & inégal, il détruisoit tout ce qui l’environ-