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ET LA PATIENCE.

cesse, ne les empêchoient pas d’être sensiblement touchés d’une si cruelle aventure, & Almenza demanda avec empressement s’il n’y avoit aucun moyen de mettre obstacle à cette sacrilege exécution. La personne qui la leur avoit annoncée, lui répondit qu’elle n’y voyoit nulle apparence, puisque la nuit étoit bien avancée, & que cette action criminelle se devoit faire au lever de l’aurore.

A la confirmation du malheur de sa mere, Merille renouvella ses cris ; & se frappant le sein : Ah ! misérable, s’écria-t-elle, je ne suis venue en ce funeste lieu que pour être témoin de cet affreux spectacle ; Temps si propice, qui ne deviez pas nous abandonner, continua-t-elle, est-ce là le bonheur qui m’attendoit à Angole, & que vous m’ordonniez de venir chercher avec tant de danger & de fatigue ?

Benga étoit pénétré de la douleur de sa Princesse ; & Almenza, voulant essayer à la consoler, lui représenta qu’il étoit plus à propos de chercher les moyens de sauver la Reine, que de perdre des moments précieux à une inutile affliction, y ajoutant que rien n’étoit désespéré, puisque la Reine vivoit, & qu’ils étoient accompagnés par des Guerriers, dont le nombre & l’abord imprévu, soutenu du