Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 2.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
127
ET LA PATIENCE.

injuste qui s’oppose à votre bonheur, en vous inspirant des sentiments pour l’illustre Mouba, qui ne vous conviennent point, puisqu’il est le seul homme qui puisse réparer la défectuosité du sang abject que vous tenez d’une Mere, qui suffiroit pour vous exclure du Trône, si Mouba ne daignoit vous y soutenir.

A ce discours, la fureur de Zerbeke devint extrême ; mais elle ne put se contenir, lorsqu’il vit que ce lâche s’appercevant qu’il ne se préparoit pas à obéir aux ordres qu’il lui apportoit, se mettoit en devoir de lui faire violence, & le tenoit déjà dans ses bras pour l’emporter : connoissant alors qu’il n’étoit plus temps de rien ménager, il tira son poignard, & le lui plongea dans le sein ; tiens, perfide, lui dit-il, voilà ta récompense & ma réponse.

Ce malheureux tomba noyé dans son sang ; mais malgré l’état où il étoit, il avoit tant de zele pour le service de Mouba, qu’il s’écria à ceux qui le vouloient secourir, qu’ils songeassent plutôt à emmener la Princesse : mais la Reine, voyant l’action de son Favori, & que, le poignard à la main, il écartoit les plus empressés, tira aussi le sien, se rangeant avec lui dans l’embrasure d’une fenêtre, d’où elles me-