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LE TEMPS

nacerent de la mort ceux qui auroient la témérité de les approcher. A même temps elles crierent par la même fenêtre, appellant le Peuple à leur secours.

Cette fenêtre donnoit sur la Place publique, & la populace qui entendoit leurs cris, ne doutant point que l’on ne les assassinât, se jetta en foule dans le Palais. Si la fureur du Peuple le porte quelquefois à se révolter contre ses Maîtres, ce n’est que lorsqu’il a des Chefs qui l’excitent. Mais il est dangereux de lui laisser voir ces mêmes Maîtres dans un péril dont il ne soit point prévenu, & qu’il n’a pas causé ; en ce cas son zele n’a plus besoin d’être excité, & il court pour les soulager.

Ce fut ce qui arriva en cette occasion : cette multitude se présenta aux portes du Palais, où on eut bien de la peine à l’empêcher de pénétrer plus loin que la Cour. Il ne fallut pas moins que la présence de Mouba, pour calmer Un tel empressement.

Le tumulte ne fut point indifférent à ce Ministre ; il n’ignoroit pas qu’il avoit des ennemis secrets, & il redoutoit, non sans raison, qu’ils ne se missent à la tête de ces mutins, qui ne seroient pas alors si faciles à abuser.