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LE TEMPS

La fureur de Mouba, qui ne perdoit pas un mot de ce projet, étoit extrême ; il pensa vingt fois se montrer, & en les prévenant, leur donner lui-même la mort qu’ils lui préparoient ; mais jugeant par le discours de Zerbeke, quelle étoit l’intrépidité de ce jeune homme, il appréhenda de se perdre par trop de précipitation ; & se retirant avec beaucoup de précaution, il ne fut point apperçu.

En sortant de chez la Reine, il courut instruire ses amis de cette étrange nouvelle, à laquelle il ne manqua pas de donner un tour affreux, noircissant la conduite d’une Princesse qui tenoit un homme auprès d’elle, sous l’habit de sa fille, & qui, par ce trait, ne laissoit point à douter de l’irrégularité de sa conduite. Sur cet éclaircissement, ils ne tarderent pas à décider qu’il falloit se saisir de l’un & de l’autre ; qu’après les avoir mis dans une prison sûre, on informeroit le Peuple & les Grands d’un scandale qui méritoit la mort, suivant toutes les Loix d’Angole.

L’exécution d’un projet si important ne souffrant point de délai, Mouba le fit remplir la nuit suivante ; & lui-même entrant dans l’appartement de la Reine, accompagné d’une Troupe bien armée, il se jetta dans la chambre où reposoit cette