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LE TEMPS

je, quoique je le connusse bien pour Zerbeke, mais seulement par habitude de feindre qu’il étoit Merille, on arrête la Reine, & sans doute que vous aurez le même sort, si vous restez ici plus longtemps ; sauvez-vous pendant que vous le pouvez. Mais loin de profiter de cet avis, il se leva promptement, & jettant une robe sur lui, il entra dans la chambre dont on vouloit arracher cette Princesse. Il avoit eu la précaution de prendre son poignard, & il en donna le premier coup à un Garde qui occupoit la porte, dont il lui refusoit l’entrée ; s’avançant à un second, il le renversa à ses pieds ; & agissant toujours avec la même promptitude, il se débarrassa de quatre qui s’opposoient successivement à ce qu’il s’approchât de la Reine.

Le massacre que, sous le nom de Merille, il faisoit, sans que l’on osât se défendre, lui permit enfin de s’approcher de sa prétendue mere, qui, à son tour, donna la mort à un audacieux, qui, lui tenant le bras, l’empêchoit de faire aucun effort pour le seconder, & pour se procurer la liberté. Ce fut alors que se voyant libre & secourue par son fidele Zerbeke, elle ne se laissa pas reprendre sans y penser elle-même ; & sans que l’on y eût pris