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ET LA PATIENCE.

garde, elle avoit mis sa ceinture où étoit attaché le poignard que nos Reines & leurs filles portent d’ordinaire. Elle le tira courageusement, écartant par cette action, ceux qui étoient les plus empressés à porter sur elle leurs mains sacrileges. Tous reculoient, ensorte que la profonde vénération qu’inspire à des Sujets la présence de leurs Maîtres justement irrités, étoit sur le point de faire échouer l’entreprise de Mouba, s’il n’eût pas connu les sentiments qui les empêchoient de le défendre. Ce n’est pas une Reine auguste, ni qui mérite vos respects, mes compagnons, s’écria-t-il, pour les désabuser, c’est une infâme qui déshonore le Trône, où la foiblesse du feu Roi l’avoit placée : ses débauches sont trop avérées, puisque cette Merille que vous voyez, & que vous prenez pour votre Princesse, n’est autre chose que l’audacieux Zerbeke, qu’elle entretient sous l’habit de sa fille, qu’elle a peut-être fait mourir, pour empêcher que sa présence ne troublât la sûreté de ses amours.

Ces mots ayant produit l’effet que Mouba attendoit, détruisirent le respect qui préservoit le jeune homme de la fureur de ses ennemis, & il en fut à l’instant percé de mille coups : on auroit achevé