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LE TEMPS

de lui ôter la vie, si Mouba n’eût crié de l’épargner, afin de le réserver aux plus honteux supplices.

La perte de son sang, qui couloit de toutes parts, ayant affoibli ce généreux Sujet jusqu’au point de ne le pouvoir plus soutenir, il chancela quelque temps, & seroit tombé sur le parquet, si la Reine, qui ne s’étoit pas défendue moins courageusement, tandis qu’elle l’avoit vu en santé, n’eût abandonné le soin de sa défense pour le secourir ; voyant l’état où il étoit, elle jetta son poignard, & le reçut entre les bras, où il perdit toute connoissance, en prononçant d’une voix languissante : Ah ! ma Reine, faut-il que je meure sans avoir pu vous secourir ! La Reine, qui, le voyant tomber, le crut expiré, ne donna plus de bornes à sa douleur, & fit des plaintes si touchantes, qu’elles fournirent de nouvelles armes contre elle, & que personne ne douta plus qu’elle ne fût attachée à ce jeune homme par des liens criminels.

Mouba, ravi de cet heureux succès, les fit emporter dans des cachots séparés, où il ordonna que l’on pansât les blessures de Zerbeke avec grand soin, & que l’on n’épargnât rien pour lui conserver la vie. Cet ordre n’étoit pas dicté par la