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LE TEMPS

enverroit malgré eux, & que les Princesses resteroient captives. Ainsi, au plus grand regret d’Almenza, on décida, de bonne grace en apparence, qu’il falloit rester.

Leurs Hôtes, ravis de n’être point obligés d’user de violence pour obtenir ce qu’ils desiroient, ne songerent qu’à leur rendre le séjour de ce Palais assez agréable, pour que l’envie d’en sortir ne les reprît pas. Ils inventerent tous les plaisirs qui dépendoient de leur puissance ; mais au travers de ces douceurs, il y avoit toujours quelque chose à redouter ; Broukandork n’étant gracieux que pour Merille, sans que ses regards, barbares à l’égard des autres, fussent adoucis, tandis que Faramine la regardoit continuellement d’un œil de fureur, n’ayant de bontés empressées que pour Balkir, quoiqu’à la vérité elle ne parût pas irritée contre leurs trois compagnons, à qui elle parloit sans aigreur, ne témoignant absolument de haine que pour Merille.

Cependant cette Princesse se faisoit à ce genre de vie, les farouches hommages qu’elle recevoit étoient pourtant des hommages, & elle n’en avoit reçu aucuns depuis la mort du Roi son pere. Leur singularité leur donnoit un prix qu’ils