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ET LA PATIENCE.

n’auroient pas eu, si elle y eût été accoutumée. Elle se flattoit que, n’étant point parvenue jusqu’à l’Empire de l’heureux Temps, elle étoit du moins sous celui du Temps passable ; mais la douceur, dont cette erreur la faisoit jouir, ne dura guere, & elle s’apperçut bientôt qu’elle avoit été abusée par le Temps trompeur : car leurs Hôtes, qui, dans les commencements, n’avoient fait connoître leur amour à Balkir & à elle, que par les plus doux empressements & les plus grandes complaisances, cesserent insensiblement de se contraindre ; & les deux objets de la tendresse de ces effroyables amoureux expérimenterent qu’ils étoient bien éloignés de voir le courroux du Temps adouci, comme ils le croyoient ; & ils connurent que cet événement qu’elles avoient envisagé comme un bonheur & comme une occasion qui leur fourniroit des plaisirs, alloit devenir la source de cent mortels chagrins.

Le commencement en vint par la jalousie qui troubla le cœur de ces agréables époux ; quoiqu’ils ne s’aimassent pas, leur amour-propre se crut outragé. Broukandork devint furieux en s’appercevant de l’amour que Faramine avoit pour Balkir & Faramine fut outrée de la pré-