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LE TEMPS

ne se peut exprimer ; mais Almenza, trop généreux pour conserver du ressentiment contre cette malheureuse Reine, quoiqu’il n’eût été que trop juste, le trouvant au-dessous de son grand cœur, oublia entiérement le passé, pour ne songer qu’au secours que demandoit l’occasion présente où ils se trouvoient.

Ce ne sont point des larmes stériles, Princesse, dit-il à sa sœur, que votre mere exige de vous en ce moment ; le bonheur qui nous a conduits si à propos dans ces lieux, nous prescrit la nécessité d’en profiter ; nous sommes suivis par douze cents Guerriers, qui nous empêche d’en faire usage ? Vous devez avoir remarqué que cette fidelle Esclave nous a dit que la Reine avoir encore des Partisans inconnus ; ils se joindront sans doute à nous, si nous paroissons ; peut-être même le beau-pere de Zerbeke est-il secrétement dans la Ville. Au pis-aller, quand nous n’aurions d’autres secours que de nous-mêmes, c’en seroit assez , & je présume que le nom des Princes d’Angole vaudra une armée dans leur Capitale : ainsi, sans nous amuser à des larmes frivoles, qui nous déroberoient un Temps précieux, nous devons agir, si nous voulons en profiter : pour cela, lorsqu’on ouvrira les portes de la