Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 2.djvu/161

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
155
ET LA PATIENCE.

Ville, il faut que nos Guerriers y entrent, & se rangent sur la place, suivant les ordres qu’ils ont déjà, comme des Etrangers qui ne se connoissent pas, & que le hazard a mis les uns auprès des autres. Par bonheur, ils sont de différentes Nations, vêtus différemment, & ne pourront être soupçonnés d’être de la même compagnie ; nous les suivrons à cheval, Benga, mon frere & moi, tandis que Balkir, Zelima, & vous, paroîtrez toutes trois dans un équipage pompeux, pour donner à nos armes, par votre beauté, une autorité qui balancera certainement celle de l’Usurpateur.

Alors Almenza rappellant cette Affranchie de la Reine, lui demanda s’il seroit impossible de trouver promptement un beau char, ajoutant qu’il n’épargneroit rien pour en payer la magnificence ; & pour l’encourager à lui faire desirer la même chose qu’il desiroit, il lui dit que, du succès de sa diligence, dépendoit le salut de la Reine ; qu’il répondoit de la tirer des mains de Mouba, pourvu quelle, lui fît fournir ce qu’il demandoit.

Un tel espoir ayant ranimé le zele de cette femme, sans comprendre à quel usage il pouvoit employer un char dans cette occasion, non plus que la relation