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LE TEMPS

cusée aujourd’hui : puis jettant les yeux sur le malheureux Zerbeke, mon supplice est juste, lui disoit-elle ; le Ciel vengeur, qui mesure la peine à l’énormité de la faute, ne se contentant pas des tourments où il me livre, veut encore que je sois punie injustement, sous le prétexte d’une infame débauche. Mais toi, mon cher Zerbeke, qui n’es coupable d’aucun de mes crimes, pourquoi faut-il que tu sois enveloppé dans mes infortunes ; que, pour récompense de ton respect & de ta fidélité, tu éprouves une destinée si cruelle ? Hélas ! ton affection pour tes Princes étoit si parfaite, que je me flattois qu’en faveur de ces généreux sentiments, tu aurois le bonheur de les revoir, & je me faisois une sorte de joie de te charger de les instruire de mes dernieres pensées ; mais puisque cette consolation m’est refusée, ce sera au Temps seul à me justifier auprès d’eux.

Ces plaintes douloureuses, qui causoient une joie infinie à Mouba, furent interrompues par le jeune homme : Ce n’est pas le trépas, ni les tourments où je vais être livré qui m’affligent, grande Reine, lui répondit-il, le malheureux Zerbeke se trouveroit trop fortuné, & le regarderoit comme le plus grand honneur qu’un Sujet puisse espérer, si je le rece-