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ET LA PATIENCE.

vois pour conserver vos jours sacrés : mais je mourrai sans vous secourir, poursuivit-il ; & les peines qui ne peuvent manquer dans l’autre vie à vos cruels Bourreaux, n’ont rien de comparable à celle que me cause cette funeste idée.

Ah ! augustes Princes d’Angole, s’écria-t-il, en levant avec transport les yeux vers le Ciel, où êtes-vous maintenant, & pourquoi ne pouvez-vous pas m’entendre implorer votre secours pour une Reine opprimée ? La justice & l’honneur qui l’exigeroient de vous, l’obtiendroient sans peine, puisque cette action seroit digne de votre vertu.

Quoique la douleur de la Reine, & les gémissements du jeune compagnon de son malheur causassent un plaisir infini à leur cruel Tyran, cependant il fut forcé de s’en priver, parce qu’il s’apperçut que ce spectacle inspiroit une pitié au Peuple, qui pouvoit enfin leur devenir favorable, & tourner d’une maniere funeste pour lui, s’il lui donnoit le temps de s’insinuer plus fortement. Ce motif fut suffisant pour l’obliger à se priver de la satisfaction qu’il goûtoit en leur faisant sentir toutes leurs infortunes ; il ordonna donc aux Bourreaux de faire monter la Reine & Zerbeke sur le bucher, & il alloit être obéi ; car,