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ET LA PATIENCE.

pour toujours : cette tendre Amante ne lui cacha point l’appréhension où elle étoit que la vie privée, qui sembloit être son partage, ne fût un sujet de refus de la part du Roi de Bengal, étant vraisemblable que ce Monarque n’agréeroit point sa recherche, & voudroit donner à sa fille un époux couronné.

Quoique ces raisons fussent spécieuses, elles leur laisserent toujours une sorte d’espérance qui leur permit de se flatter ; mais Almenza ne fut pas si heureux : car malgré l’estime que Zelima lui fit connoître qu’elle avoit pour lui, & la reconnoissance qu’elle convenoit de lui devoir, elle lui dit sans déguisement qu’il étoit inutile qu’il pensât à elle, puisqu’elle avoit renoncé à tout engagement. Une si fatale résolution surprit extrêmement l’amoureux Prince, mais il se flatta que le Temps & ses soins la pourroient détruire ; & continuant à lui parler de son amour, il continuoit aussi ses assiduités auprès de la Reine, quand il pouvoit croire que sa présence ne l’incommodoit pas.

La Reine, de qui la santé étoit entiérement rétablie, étant un jour dans son appartement avec toute cette illustre compagnie, on vint lui dire que Zerbeke demandoit avec beaucoup d’empressement