Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 2.djvu/18

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
12
LE TEMPS

férence qu’elle trouvoit injuste que son époux donnât à Merille.

Comme la politesse régnoit trop peu entre eux pour les porter à dissimuler leur dépit, ils se querellerent dans les termes les plus grossiers. L’époux reprocha à son épouse qu’elle faisoit à Balkir des avances honteuses, de même qu’à tous les hommes qu’elle rencontroit, tandis que Faramine s’expliquoit avec la même aigreur sur les soins qu’il rendoit à Merille & à celles de son sexe à qui il trouvoit occasion de parler : ce n’étoit point l’amour qui causoit leur jalousie, ils ne s’aimoient pas plus qu’ils n’étoient aimables, & n’avoient eu de leur vie d’autres sentiments l’un pour l’autre, l’inclination n’ayant eu aucune part à l’union de cet effroyable couple, mais seulement leur fourberie réciproque. Broukandork avoit passé pour un Seigneur étranger dans la Ville où Faramine vivoit ; à l’aide de son industrie, & de plusieurs mauvaises actions, il s’y étoit mis en état de faire une figure considérable, qui, le faisant prendre facilement pour ce qu’il se supposoit, l’introduisit, sous ce déguisement dans toutes les maisons où il espéroit faire quelques profits illégitimes.

Faramine, fort laide, & de fort basse