Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 2.djvu/203

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
197
ET LA PATIENCE.

Il n’y a point à douter que Zerbeke ne soit notre Prince, dit-elle ; je l’aime avec toute la tendresse possible, mais cependant je ne sens pas ces mouvements de regrets de le perdre que je crois que m’inspireroit la nature. Quoique ce fut pour le voir dans un rang si auguste, je m’imagine que j’y résisterois, du moins dans mon cœur ; mais il est aisé de lever toutes les incertitudes. Cette bonne Esclave, dit-elle, en montrant celle de Mouba, que son mari lui avoit fait connoître pour la personne qui l’avoit secourue, & qui lui avoit mis le jeune Prince entre les mains, doit se souvenir si l’enfant qu’elle dit m’avoir donné en échange du mien, a quelques marques singulieres… Vous me rappellez, dit l’Esclave, qu’il en avoit une bien éclatante, & c’est le saisissement de tout ce qui s’est passé depuis que j’ai osé me présenter devant notre souveraine Maîtresse, qui m’a empêché de songer à dire qu’il doit avoir sur l’estomac… Un Soleil, s’écria, en l’interrompant, la femme de la Reine, je me le rappelle aussi, quoique je ne l’aie vu qu’un moment. Il est vrai, dit l’Esclave. Eh bien, repartit la Meûniere, il est aisé de voir si Zerbeke a cette marque. A ces mots, & à un signe que lui en fit la Reine, ce jeune Prince