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ET LA PATIENCE.

déclara qu’elle cessoit de regner dès ce moment, & ordonna, pour la derniere fois, aux Officiers de la Couronne, de ne plus la considérer comme leur Souveraine, ne devant désormais d’obéissance qu’au Roi Almenza.

Après avoir fait tout ce qui pouvoit rendre sa déclaration authentique, cette Princesse témoigna qu’elle vouloit ériger un Temple au Temps favorable, où elle étoit résolue de se retirer avec la Patience, sa chere protectrice, à qui seule elle devoit le bonheur de ne s’être pas abandonnée au désespoir, & par quelques-unes des actions qu’il lui suggéroit si souvent, de n’avoir pas ôté au bon Temps le pouvoir de les rendre tous heureux.

Almenza fut peu sensible, par rapport à lui, à la grandeur dont l’abdication & la retraite de la Reine alloient le faire jouir ; il ne s’y étoit jamais attendu, & s’en étoit toujours peu soucié. Son esprit doux & retiré, joint aux leçons du Roi Philosophe, ne la lui avoient point laissé souhaiter ; mais il étoit amoureux. Le desir de couronner Zelima, lui fit envisager cet événement avec joie, & il ne tarda pas à lui offrir de nouveau sa main avec sa Couronne : cependant le bonheur dont il s’étoit flatté, fut de courte durée. Cette jeune Princesse, re-