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ET LA PATIENCE.

haine ouverte, qu’il ne prenoit plus la peine de contraindre. Non-seulement Balkir en étoit le principal objet, mais elle se répandoit encore sur ceux qu’il croyoit ses freres.

Faramine, de son côté, ne se contraignoit pas davantage, & ne perdoit pas une occasion de faire sentir le poids de son aversion à Mérille. Cette conformité de sentiments entre leurs Tyrans, inspira à ces jeunes infortunés le dessein de le servir de l’un contre l’autre ; voulant le mettre à exécution, il fut résolu que les deux Princesses feindroient de la complaisance pour Faramine & son époux, & que, cessant de les rebuter, elles témoigneroient de la disposition à répondre enfin à leurs empressements.

Il ne fut pas difficile de conduire ce projet, parce que ces indignes amoureux, qui n’avoient jamais apperçu pour eux que des mouvements d’horreur dans sous les sujets de leurs tendresses, furent enchantés des légeres espérances que leur accordoient ceux-ci. Quand ce nouveau procédé eut un peu accoutumé Faramine la confiance pour Balkir, cette Princesse lui fit une prétendue confidence, & lui dit qu’elle s’appercevoit à regret que Broukandork étoit amoureux de Merille, mais